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Fonction publique en grève : plusieurs centaines de fonctionnaires dans la rue à Bastia


Philippe Jammes le Jeudi 9 Mai 2019 à 14:46

A l’appel de la CFDT, CGT, FO, UNSA, FSU près de 300 personnes se sont rassemblées jeudi matin devant la préfecture de la Haute-Corse pour protester contre la réforme de la fonction publique du gouvernement, examinée par l’assemblée Nationale. Dans un communiqué publié en début de semaine, le STC avait aussi incité ses adhérents à faire grève.



Les fonctionnaires dénoncent suppressions d’emploi, pertes des acquis, privatisation de la fonction publique, une véritable casse sociale. L'objectif affiché par le gouvernement est de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires d'ici à 2022. Pour les syndicats, la perte des services de proximité pourrait être catastrophique sur notre île avec des points de « contacts » qui les remplaceraient. En Corse les syndicats réclament un moratoire sur les besoins en agents de la fonction publique. Jean-Pierre Battestini, de la CGT, entouré des représentants des autres syndicats a lu un texte commun aux syndicats (voir ci-dessous) puis ils ont été reçus par le directeur de cabinet du préfet. Une rencontre «surréaliste» selon JP Battestini. «Le Directeur de cabinet s’est dit d'accord avec nos revendications et a concédé que le gouvernement gèlerait de manière définitive le point d'indice des fonctionnaires. Sur la Corse nous avons exigé un PEI pour les services publics, un moratoire sur les suppressions d'emplois et une revalorisation de la prime transport acquise en 1989 et dont le montant est bloqué depuis 7 ans ».  

« Déclaration unitaire grève fonction publique du 9 Mai à Bastia.Aujourd’hui à Bastia comme dans tout le pays l’ensemble des agents publics mais aussi des élus et des usagers veulent affirmer une nouvelle fois leur attachement aux valeurs du service public.

Depuis de nombreux mois et en dépit de multiples mobilisations et revendications,le président de la République et son gouvernement poursuivent une politique contraire à l’intérêt général et néfaste pour les missions publiques et pour leurs agents. Comment croire qu’ils défendent une modernisation de la fonction publique alors que la Loi qui est actuellement en débat au parlement a pour objectif principal la baisse des effectifs, le gel des rémunérations, l’affaiblissement des droits et garanties des personnels, ainsi que le recrutement massif de contractuels aux statuts précaires.

Toutes ces « bonnes intentions » ne vont que dégrader davantage la qualité des missions et bien sur les conditions de travail des agents. Malgré la mise en place du jour de carence par le président Macron, les arrêts maladie et notamment pour des périodes supérieures à 1 semaine continuent de progresser ; c’est bien la preuve que ce jour de carence pour lequel nous exigeons son retrait avait seulement pour but de punir les fonctionnaires et de faire des économies budgétaires. Alors que le procès des dirigeants de France Télécom qui ont poussés au suicide des dizaines de salariés devrait servir d’alerte, ce projet de loi, bien au contraire va généraliser ce mal être au travail avec toutes ses conséquences dramatiques. Avec en plus la suppression des CHSCT et la suppression des compétences des CAP en matière de promotion et de mobilité, le triste et scandaleux scénario de France Télécom peut se reproduire partout. Même si dans de nombreux secteurs et particulièrement dans la fonction publique territoriale,existe déjà une gestion opaque des carrières et des rémunérations, la généralisation du salaire au « mérite » ce qui veut simplement dire rémunération « clientéliste » va faire exploser les règles statutaires garantes de neutralité et d’impartialité des missions publiques.

Le contrat de mission à durée déterminée contenu dans cette loi pourra être rompu à tout moment par l’employeur public. Cette base de recrutement qui servira de référence signifie la fin des recrutements par concours et de droit à l’accès pour tous dans la fonction publique. Il y a déjà 1 million de contractuels dans la fonction publique pour lesquels nous exigeons leurs titularisation. Il est faut d’entendre dire que la France dépense trop pour ses services publics. Les enseignants sont les plus mal rémunérés de la zone Euros et le budget de la justice est classé au 37 rang sur 42 des pays de l’OCDE. Par contre, pour la fraude et l’évasion fiscale, les niches fiscales pour les entreprises comme le CICE et ses 40 milliards d’argents publics dilapidés en 2019, oui la France est championne. Les pleureuses du MEDEF qui se lamentent chaque jour du montant soit disant excessif de la dépense publique et de leurs « charges sociales » qui ne sont en réalité qu’une partie socialisée du salaire versé, et qui mettrait à mal leur compétitivité ont pourtant trouvé en 24H, 1 milliard d’euros pour Notre Dame sans mettre le moins du monde en péril leur compétitivité.

En Corse dans l’Education Nationale il y a aujourd’hui dans le 1er degré 50 contractuels très peu payés sur des postes de titulaires. Il n’y en avait aucun il y a moins de 5 ans. A quoi bon former des jeunes à bac+5 pour passer les concours si les pouvoirs publics recrutent des précaires moins formés. A la CdC collectivité unique, des écarts de salaires inacceptables demeurent toujours entre des agents qui ont les mêmes grades notamment dans le technique. Les coupes budgétaires et les politiques d’austérité diminuent considérablement les dotations de l’Etat vers les collectivités locales notamment pour satisfaire les critères imposés par la Commission Européenne. Les augmentations de tarifs voir même les privatisations de certaines prestations s’accélèrent au dépend des populations les plus fragiles.

En Corse un emploi sur 3 se trouve dans la fonction publique et même 1 sur 2 dans l’ensemble du secteur public sous statut. Faute d’emplois industriels en nombre et d’emplois qualifiés qui disparaissent (dernier exemple 100 emplois Air rance sur les aéroports de Corse) , le secteur public non seulement constitue l’essentiel des emplois sous statut mais aussi la matrice de notre société et de ses territoires. Non et n’en déplaise à certains, le patrimoine de la Corse ce ne sont pas les transats de plage pour touristes fortunés mais bien nos services publics et ses agents sous statuts présents au plus près des populations. Services de santé, écoles, trésoreries, bureaux de postes, garderies, services de voiries, bibliothèques, services de l’urbanisme, gestion publique de l’eau, de l’énergie, des déchets, transports collectifs,enceintes sportives et culturelles, voilà ce qui constitue notre patrimoine et notre identité.

Alors que signifie de doter la Corse d’une Loi Montagne qui garantit pourtant le maintien et la présence de services publics de proximité si c’est pour implanter simplement des structures avec des salariés précaires sans ou avec peu de formations qui indiqueront la plus part du temps aux usagers l’emplacement d’un ordinateur pour effectuer ses démarches sans pouvoir avoir un interlocuteur physique, formé et spécialisé seul à même de pouvoir répondre à sa demande.

Nous exigeons qu’au plan national, le gouvernement retire sa loi destructrice qui nous ferait revenir à l’ancien monde celui justement que Macron voulait jeter aux oubliettes mais qu’il s’emploie à vouloir imposer pour satisfaire les appétits financiers de ses amis.

Pour la Corse, nous exigeons également un moratoire sur toutes les suppressions d’emplois et restructurations envisagées et la mise en place d’une véritable négociation avec un état des lieux de l’existant et surtout des propositions partagées de ce que veulent et souhaitent les personnels les populations et leurs élus. Ce que nous demandons c’est une sorte de PEI Plan Exceptionnel pour la fonction publique permettant à notre Région et à ses habitants de regarder l’avenir avec davantage de confiance et d’espoir.

On constate tous avec tristesse et inquiétude la progression d’actes malveillants qui touchent aussi bien les bâtiments publics que leurs agents.

A travers notre mobilisation de ce jour, nous voulons également apporter notre solidarité à toutes les personnes victimes de violences et de menaces. Et aussi lancer un appel aux pouvoirs publics.

Non ni le pays ni la Corse n’ont trop de fonctionnaires et de services publics. Au contraire il manque des personnels partout. Des agents formés avec un statut qui est une garantie mener à bien leur mission d’intérêt général.

Nous allons le dire au Préfet. Ou vous choisissez de doter la Corse de moyens de structures et d’emplois permettant à la population d’avoir une vie meilleure, ou vous laissez les pratiques et appétit mafieux prospérer et s’amplifier. En tous les cas nous on a choisi et nous continuerons dans l’unité comme nous le faisons aujourd’hui à défendre notre modèle social que ni Macron ni le MEDEF ne réussiront à détruire .

Un mot pour conclure. Il y a 30 ans au printemps 89 les fonctionnaires en Corse obtenaient par la lutte la prime d’insularité et de transport. Et bien en 2019 obtenons le retrait de cette Loi de casse des services publics si néfaste pour le pays. »